‘’ Il revient au Gouvernement de se montrer déterminé’’

Au lendemain de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda a accordé un entretien. Déterminée et combative, consciente de l’immensité de sa tâche et de sa responsabilité, elle évoque, avec force détails, comment elle entend mener à bien la mission que lui a confiée le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.

 

 

1) Madame le Premier ministre, à l'issue de votre Déclaration de Politique Générale, vous avez obtenu la confiance des députés. Quel est votre sentiment ?

 

Madame le Premier Ministre, Chef du Gouvernement : Avant toute chose, je voudrais vous remercier pour la tribune que vous m’offrez afin que je m’adresse aux gabonaises et gabonais, deux jours après la tenue de cet exercice républicain à l’Assemblée Nationale. Permettez-moi également de renouveler mes remerciements à Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence, Ali Bongo Ondimba, pour m’avoir offert l’opportunité de servir le Gabon à la très haute et prestigieuse fonction de Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Mon engagement sera total à travailler, avec loyauté, pour la réalisation de son ambition pour le Gabon.

 

Pour répondre à votre question, 90,51% de Députés ont approuvé la feuille de route du Gouvernement. Je dois vous dire que c’est un double sentiment d’humilité et de responsabilité qui m’anime devant la confiance qui m’a été accordée par les représentants du Peuple, le vendredi 4 septembre dernier.

 

Sentiment d’humilité d’abord car le Gouvernement et moi-même avons à l’esprit que nous ne devons ménager aucun effort pour mériter cette marque de confiance, cette volonté exprimée par les Députés de nous soutenir et de nous accompagner dans la mise en œuvre de notre programme d’action. Il s’agit ensuite d’un sentiment de responsabilité. Responsabilité vis-à-vis du Président de la République, je l’ai dit, qui nous a confié cette lourde et exaltante mission de contribuer à l’œuvre de construction de notre pays. Responsabilité également vis-à-vis des Gabonaises et des Gabonais qui attendent beaucoup du Gouvernement, dans ce contexte de double crise sanitaire et économique. C’est donc avec beaucoup de gravité que j’ai accueilli ce soutien.

 

Je l’ai rappelé durant mon intervention, les attentes de nos compatriotes sont nombreuses, et nous les connaissons. Il revient au Gouvernement de se montrer déterminé et à la hauteur pour apporter des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. Je ne ménagerai aucun effort pour que cette confiance qui nous a été accordée par le Peuple gabonais, à travers les Honorables Députés, soit méritée. C’est une responsabilité à la fois personnelle en ma qualité de Premier Ministre, Chef du Gouvernement, mais aussi un engagement collectif que l’équipe gouvernementale doit tenir.

 

2) Comment appréhendez-vous la mission qui vous a été assignée par le chef de L’État en nommant une femme Chef du Gouvernement ?

 

 Je l’ai rappelé lors de mon intervention devant les Députés : l’arrivée d’une femme à la tête du Gouvernement, pour historique qu’elle soit, confirme l’engagement du Président de la République de construire une société plus égalitaire et plus juste. Je l’ai dit : nous sommes, à travers ce symbole politique d’envergure, au cœur de la politique de l’égalité des chances. Mais nous devons faire attention. L’égalité des chances ne sacrifie pas le mérite et la compétence. Bien au contraire ! Le Président de la République conçoit l’égalité des chances dans la promotion aux hautes fonctions de l’Etat sous le prisme du talent et de la compétence. Je pense que le Chef de l’État s’est inscrit dans ce double prisme en me faisant l’immense honneur de me porter à cette fonction de Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Être la première femme à occuper cette fonction est, à titre personnel, une immense fierté. Mais il faut aller au-delà, et lire, derrière ce symbole fort, une volonté de rendre hommage à une composante essentielle de la communauté nationale qui regorge en son sein de nombreux talents et compétences à même de participer au chantier de développement de notre pays.

J’ai, comme mes prédécesseurs, reçu la responsabilité de conduire une équipe gouvernementale. Je vais être jugé sur la base des résultats que je vais engranger avec le Gouvernement, sur ma capacité à mobiliser et à focaliser, c’est-à-dire à clarifier les priorités définies par le Président de la République à l’ensemble de l’équipe. Je serai jugé sur ma gestion de l’équipe gouvernementale, sur la manière dont elle sera pilotée et coordonnée. Je serai attendu sur la manière dont sa cohésion sera construite pour atteindre les objectifs qui nous ont été fixés, pour le bien des gabonaises et des gabonaises, et qui sont, il est important de le rappeler, au nombre de quatre : maîtriser le risque sanitaire lié à la Covid-19, relancer la croissance, promouvoir la bonne gouvernance et préserver notre modèle de redistribution de la richesse.

 

3) Dans votre discours, vous avez énoncé un certain nombre de priorités, notamment en matière de santé, la relance économique et l'emploi, l'amélioration des conditions de vie quotidienne des gabonais. Comment se déclinent ces priorités ? Qu'est-ce qui justifie ces choix ?

 

 Notre pays fait face depuis plusieurs mois à une crise sanitaire et économique d’une ampleur inégalée. Cette situation est la conséquence de la propagation, à l’échelle de la planète de la pandémie de la Covid-19. Cette maladie très contagieuse a surpris le monde entier et conduit de nombreux pays à prendre des mesures fortes pour freiner son expansion. Les mesures ont été radicales pour freiner sa forte progression. Le monde s’est confiné. L’économie mondiale s’est arrêtée de tourner. C’est du jamais vu depuis la crise de 2008 consécutive à l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis. De sanitaire, cette crise est devenue économique. La globalisation des échanges et des économies a facilité la propagation des effets d’un pays à un autre. Notre pays ne pouvait faire exception. Il en a résulté une crise.

Dans mon discours devant les Députés, j’ai rappelé les inquiétudes de la population et sa peur de l’avenir. C’est dans ce contexte que nous avons arrêté ce programme du Gouvernement et fixé les priorités que les Honorables Députés nous ont fait l’honneur de soutenir majoritairement. En considérant que les gabonais sont au cœur de l’action du Chef de l’État, nous avons bâti ce programme autour de cet axiome. Nous avons, dès lors, dégagé quatre objectifs qui prennent globalement en charge les préoccupations les plus fortes de notre population : maîtriser le risque sanitaire lié à cette pandémie. Sans une population en bonne santé, il est difficile de conduire en toute sérénité un programme de développement. Jean Bodin l’a dit : il n’est de richesse que d’hommes. Et nous avons estimé que la survenue de cette pandémie doit être l’occasion d’accélérer le chantier de la réforme de notre système de santé. Pour qu’il soit plus accessible et plus performant. Ensuite, redonner du rêve et de l’espoir à nos concitoyens, afin que chacun se réalise, est le sens du deuxième axe. C’est dans cet esprit que se concevra notre stratégie de relance. Nous avons décidé de relancer par l’investissement dans les travaux publics, entre autres. Il nous faut accélérer les réformes amorcées et poursuivre les grands projets d’investissements en travaux publics financés en partenariats publics privés ou sur les fonds étatiques. Il nous faut poursuivre et consolider les investissements dans les domaines prioritaires, en soutenant activement les projets en cours dans les secteurs porteurs de croissance et de résilience économique comme l’agriculture, la pêche, le tourisme, le numérique, sans oublier, bien évidemment le secteur des hydrocarbures qui va demeurer pour longtemps encore, le carburant de notre marche vers notre modèle de transformation.

Mon Gouvernement va s’activer pour stimuler l’investissement dans tous ces domaines en ayant à cœur de créer des emplois pour nos jeunes et réduire le chômage. Il s’agit de créer autour du secteur privé et notamment des très petites, moyennes et grandes entreprises, un environnement favorable qui aide l’État à relever le défi de de la préservation des emplois existants et de la création de nouveaux postes. C’est une bataille prioritaire. Une éducation plus adaptée aux réalités économiques, une formation professionnelle réactive et une commande publique transparente sont des leviers qui nous permettront de relever ce défi. Le troisième axe est celui de la bonne gouvernance. Le Gouvernement va poursuivre les efforts d’optimisation des ressources publiques et de maitrise des dépenses publiques. Notre État doit se rationaliser dans son organisation et son fonctionnement. Là aussi, il nous faut dégager des marges de manœuvre conséquentes en gérant autrement notre politique d’endettement et en réduisant le poids de notre masse salariale. Il nous faut enfin poursuivre, avec plus de méthode, les efforts de préservation de notre modèle social de redistribution. La gouvernance de nos Caisses et leur viabilité doit être, entre autres, examinée avec minutie. Elles doivent nous accompagner dans le combat en faveur de la lutte contre la pauvreté d’une part et dans l’amélioration des conditions vie des plus vulnérables, d’autre part.

 

4) Contrairement à vos prédécesseurs, avez-vous les moyens de votre ambition ?

 

 Les effets de la crise sanitaire ont lourdement affecté l’économie mondiale et dans notre monde globalisé, notre pays a aussi subi le contrecoup de la pandémie de la Covid-19. Je peux, en conséquence, comprendre les inquiétudes des uns et des autres sur la problématique du financement de ce programme.

Vous savez, le Chef de l’État a toujours eu à cœur l’amélioration du quotidien des populations. C’est cette vérité qui a toujours guidé son action. Ainsi, toutes les décisions que nous avons arrêtées sous Ses Très Hautes Orientations intègrent ce paramètre. Je l’ai dit aux Députés : nous allons, dans un premier temps, privilégier les financements innovants, parmi lesquels les partenariats publics privés. Il se trouve qu’à l’instar de la « Transgabonaise », de nombreux projets dans le domaine de l’hydroélectricité sont en cours de démarrage et bénéficient de ce mode de financement. Je voudrais, sur ce point, rassurer les gabonais que la « Transgabonaise » se fera. Qu’ils ne soient pas distraits par les adeptes du sensationnel et de la politique spectacle. Nous sommes là pour veiller à la mise en œuvre effective de ces projets. Le Gouvernement se montrera proactifs pour veiller à la bonne réalisation de ces projets en remplissant sa partition. Nos partenaires sont sérieux et sont engagés à nos côtés pour faire aboutir ces investissements qui vont générer des milliers d’emplois.

Sur ce plan, j’ai indiqué que je mettrai en place des dispositifs de veille pour que chaque emploi créé bénéficie d’abord à nos compatriotes. Les Ministres concernés me rendront compte régulièrement.

Ensuite, j’ai indiqué que concernant l’investissement public, les moyens que nous avons doivent être utilisés de manière parcimonieuse, en priorisant et en programmant nos investissements. La baisse du prix du baril de pétrole consécutive à la baisse de la demande en énergie dans le monde a fortement impacté le niveau de nos recettes publiques. Il nous faut appliquer un principe cher aux économistes qui est le principe ou la loi de pareto : faire beaucoup avec peu. Nous devons nous organiser pour garantir l’efficience dans la gestion des finances publiques. Dans ce domaine, nous avons des efforts à faire sur le plan organisationnel pour assurer une bonne exécution des projets en cours. Des dispositifs existent. Nous allons les dynamiser davantage pour retenir un nombre raisonnable et soutenable de projets et en programmer la réalisation.

Il nous faut, enfin, travailler pour améliorer le cadre des affaires en vue d’attirer plus d’investisseurs qui souhaitent s’installer au Gabon dont le modèle de stabilité est reconnu en Afrique subsaharienne. Je dois tout de même vous rappeler que les réformes entreprises par le Président de la République, Chef de l’Etat, depuis son accession à la Magistrature Suprême en 2009, portent leurs fruits. C’est le cas du secteur du bois où les investissements vont être intensifiés avec la création de nouvelles Zones Économiques à Régimes Privilégiés (ZERP).

Pour nous garantir le financement des projets arrêtés dans le cadre de notre stratégie de relance, j’ai également reçu du Chef de l’État le mandat d’intensifier les réformes de notre cadre des affaires. Nous partons d’un existant solide. Ce n’est pas moi qui le dis mais la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) qui rappelait qu’entre 2012 et 2017, le stock d’investissement Directs Étrangers (IDE) au Gabon était passé de 3,94 milliards de dollars US à 9,45 milliards de dollars US. Une augmentation de 70,6% en six ans. Ce qui n’est pas négligeable. C’est dire que le potentiel d’attractivité existe. C’est à nous de le renforcer en conduisant les réformes qui s’imposent pour consolider la confiance afin que les investisseurs dans les secteurs à fort potentiel de croissance s’installent. J’ai indiqué, vous l’avez suivi, que le Gouvernement mettra un fort accent sur l’accélération de la réforme de l’environnement des affaires pour attirer les investisseurs dans les secteurs que j’ai cité tout à l’heure. Comme vous pouvez le constatez, la stratégie est claire en ce qui concerne la mobilisation des moyens.

 

5) Nos indicateurs macroéconomiques présagent-ils une embellie de la situation économique à court terme ?

 

 La crise de la covid-19 a bouleversé nos prévisions économiques. Tous les pays du monde ont fait face à cette situation.

J’ai indiqué dans ma Déclaration de Politique Générale que la dégradation, en 2020, des fondamentaux de l’économie gabonaise résultait de la conjugaison des trois facteurs qui sont la survenue de la pandémie de la Covid-19, la chute des cours internationaux des matières premières qui en a résulté, le recul de la demande mondiale des produits de base (pétrole, manganèse, bois…). Dans ce contexte, en dépit des mesures vigoureuses mises en œuvre par le Gouvernement, sous les Très Hautes Instructions du Président de la République, Chef de l’État, la croissance devrait reculer pour s’établir à moins 0,8% contre 3,9% en 2019, le déficit public devrait se situer à moins 4,5% alors que la balance était excédentaire en 2019, les réserves de change devraient baisser pour représenter trois mois d’importation et le taux d’endettement devrait se situer à 64% du PIB contre 54,6% en 2019.

La situation aurait été désastreuse si les efforts de diversification entamé depuis une dizaine d’années ne portaient pas leurs fruits. Le dynamisme du secteur hors-pétrole nous a permis d’amortir le choc. Les activités industrielles dans le secteur minier et dans le domaine du bois, et même dans les secteurs des travaux publics nous ont aidé à mieux supporter le choc de la pandémie.

Les prévisions pour l’année 2021 annoncent un net redressement de notre économie et un retour vers une croissance positive de l’économie, et sa consolidation à moyen terme. La reprise de l’économie mondiale en 2021 justifie notre optimisme. Le FMI annonce une reprise annoncée de 5,4% de la croissance du PIB. Sur la base des prévisions arrêtées, la croissance de notre économie devrait se situer entre 2% et 3%. Notre stratégie de relance s’inscrira donc dans cette dynamique.

Comme je le soulignais tout à l’heure, il nous faudra poursuivre nos efforts de transformation structurelle de l’économie afin de la rendre plus résiliente et inclusive. Nous bénéficions à cet effet du soutien des bailleurs de fonds et notamment du FMI qui nous font confiance pour maintenir cette trajectoire et poursuivre les efforts relatifs à l’assainissement de nos finances publiques. L’État doit se donner plus de capacités pour investir dans le développement des infrastructures de soutien à la croissance, dans l’éducation et la formation et dans les dépenses sociales diverses.

 

6) Votre feuille de route prend-t-elle en compte la question du règlement de la dette intérieure qui prend la forme d'un ''serpent de mer'' pour les différents Gouvernements ?

 

 Je voudrais rappeler que la volonté du Président de la République, Chef de l’Etat et du Gouvernement est de donner une bouffée d’oxygène aux entreprises afin qu’elles préservent les emplois. C’est une priorité. Dans ce cadre, nous avons élaboré une stratégie d’apurement de la dette intérieure pour l’ensemble des créances impayées sur les fournisseurs de l’État. Les éléments du règlement de cette dette intérieure sont affinés et en cours de traitement par les départements ministériels concernés. Un arrêté a été pris pour la vérification et la conformité de l’exécution des marchés des moins de 100 millions.

De manière globale, cette stratégie d’apurement, validée par le Ministre de l’Économie et de la Relance, a été partagée avec le Fonds Monétaire International qui conditionnait d’ailleurs le passage des 4ème et 5ème revue à sa production.

Il est donc bon de vous rappeler que les paiements s’effectuent depuis cette année. Le montant total déjà réglé s’élève à 42,3 milliards de F CFA. Comme vous pouvez le constater, la volonté de régler cette problématique est prise en compte par le Gouvernement.

 

7) Dans votre discours, vous avez abordé longuement la nécessité de poursuivre la lutte contre la Covid-19. A quoi peut-on s'attendre au moment où on enregistre une baisse significative du nombre de contaminations et une augmentation de celui des guérisons ?

 

 A ce niveau, le Gouvernement considère que la tendance globale qui laisse apparaître une maitrise de la pandémie ne doit pas nous faire baisser la garde. Le principe de précaution doit être de mise pour éviter un emballement des contaminations et des cas graves. La situation difficile sur le plan économique et social est due à l’intrusion brutale de cet agent infectieux. Nous devons rester vigilants. La poursuite des efforts de maîtrise de cette maladie est indispensable pour garantir une bonne relance de notre économie. Il est clair que nous devons apprendre à vivre avec ce virus. Mais cela doit se faire en toute responsabilité. C’est pourquoi les discussions sont en cours pour garantir une reprise en toute sécurité et en toute responsabilité.

Comme nos compatriotes l’ont constaté, les résultats de la surveillance épidémiologique que nous enregistrons ces derniers jours démontrent une tendance baissière de la maladie. Et ce, grâce à la vigilance, à l’expertise et au professionnalisme des personnels soignants et des équipes techniques du Comité de pilotage, du plan de veille et de riposte contre la pandémie de la Covid-19 (COPIL) qui réalisent un travail considérable.

Je voudrais ici leur rendre hommage et, surtout, les encourager à poursuivre et intensifier la surveillance épidémiologique. J’ai annoncé à l’Assemblée nationale que le Gouvernement maintenait la stratégie de riposte actuelle qui est « Dépister – Isoler – Traiter », afin de réduire encore davantage la prévalence de la pandémie.

Comprenez alors que la maladie n’est pas encore éradiquée. Le relâchement observé dans l’observation stricte des mesures barrières, d’hygiène et de distanciation physique doit immédiatement être proscrit par l’intensification des contrôles, pour éviter une résurgence exponentielle de clusters de contamination, avec toutes les conséquences prévisibles sur la santé humaine de nos concitoyens et sur la mise en œuvre du programme du Gouvernement.

J’en profite d’ailleurs pour demander aux compatriotes de continuer à respecter les mesures barrières et d’hygiène. Nous comprenons l’impatience des uns et des autres, mais nous ne pouvons prendre aucun risque avec leur santé. Nous analysons actuellement toutes les possibilités de reprise progressive et, en toute sécurité, des activités dans certains secteurs. La réflexion est très avancée et, le moment venu, le Gouvernement communiquera à ce sujet.

 

8) Peut-on envisager un allègement du couvre-feu ? Au moment où on parle de reprise progressive de l'activité, peut-on s'attendre à une réouverture des lieux de cultes ?

 

 Je rappelle que, dès l’apparition de la pandémie de la Covid-19, le Gouvernement, sous les Très Hautes Instructions du Président de la République, Chef de l’Etat, avait pris un certain nombre de mesures visant à freiner sa propagation. Au nombre de celles-ci figurent, entre autres, l'interdiction des rassemblements de plus de dix personnes et la fermeture des lieux de culte.

Le Gouvernement est conscient du lourd tribut que cette pandémie fait payer aux différents secteurs d'activités. Sa détermination à porter assistance, à accompagner, à sauver et à relancer de manière progressive toutes les activités, au cas par cas et secteur par secteur, reste entière et fait l’objet d’une réflexion.

S'agissant du secteur religieux, même si ce dernier n'est pas un secteur productif au sens premier du terme, personne ne peut occulter ou nier le rôle que jouent les communautés religieuses dans l'éducation, la formation, l'harmonie, la paix et la stabilité du pays. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement y accorde une attention toute particulière à sa situation.

C'est dans cette optique que, le 10 juillet 2020, la Commission Interministérielle chargée d'examiner les conditions de reprise progressive des activités cultuelles a été mise en place. Cette Commission qui est présidée par le Premier Ministre, comprend également en son sein les responsables des différents ordres religieux. La Commission ayant quasiment bouclé ses travaux, les pouvoirs publics vont se prononcer sur les recommandations du Comité Technique du COPIL, dans les tout prochains jours.

Compte tenu du fait que ces lieux de culte drainent un nombre important de fidèles, la prudence est de mise, au regard de la résurgence de la pandémie observée à travers le monde.  

Il apparait en effet que ces lieux de culte peuvent constituer des foyers importants de contamination de type clusters. Le Gouvernement, guidé par le principe de précaution, appelle donc les leaders religieux et les fidèles à plus de patience, car cela va de leur responsabilité.

 

Sur l'allègement envisagé du couvre-feu, il convient de rappeler que l'instauration de ce dernier avait pour principal objectif de limiter les activités nocturnes non essentielles qui favorisent les déplacements et les rassemblements. Cela a eu pour effet, à côté des autres mesures, de freiner considérablement la propagation de la pandémie au sein de la population.  

Aujourd'hui, certains indicateurs tels que la baisse significative du nombre de contaminations et des décès, ainsi que l'augmentation exponentielle du nombre de guérisons démontrent l'efficacité du dispositif de riposte mis en place par le Gouvernement, sous les Très Hautes Orientations du Président de la République. D'où la nécessité de maintenir ce couvre-feu.

Toutefois, pour tenir compte des impératifs liés à la relance de l’économie, l’allègement du couvre-feu est envisagé.

 

 

9) Dans un contexte marqué par la crise du Coronavirus, comment le Gouvernement entend-t-il organiser la prochaine rentrée scolaire, aussi bien en ce qui concerne les capacités d'accueil que le respect des mesures barrières ?

 

 Comme pour d’autres secteurs, le secteur de l’éducation a dû s’adapter au contexte de crise sanitaire que nous connaissons, notamment par la mise en place, grâce à l’appui technique de l’UNESCO, d’un Système d’enseignement à distance, en réponse à la pandémie de la Covid-19.

Pour l’année scolaire 2020-2021, le Gouvernement privilégiera une fois de plus le principe de précaution, afin non seulement de préserver la santé des apprenants et de l’ensemble de la communauté éducative, mais aussi de favoriser le bon déroulement de celle-ci.

A cet effet, nous allons reconduire et étendre à l’ensemble des établissements publics et reconnus d’utilité publique les mesures qui ont été mises en œuvre dans le cadre de la reprise des cours et des examens. Je souligne que les établissements privés auront également obligation de les appliquer.

Ainsi des dispositifs supplémentaires de lavage des mains vont être installés dans l’ensemble des lycées, collèges et écoles.

Dans l’enseignement supérieur, les mêmes dispositifs ont été installés dans quelques établissements. Et, nous profitons de la période des vacances pour les renforcer.

Le port des masques sera obligatoire et les élèves devront avoir des masques jetables. Si le Gouvernement a pris totalement en charge l’achat et la fourniture des masques pour la reprise des cours et les examens, les parents devraient être mis à contribution pour l’année scolaire 2020-2021, totalement ou partiellement.

Les thermo-flashs et les gels hydroalcooliques devraient être fournis par le Gouvernement, en cas de besoin.

Par ailleurs, la subdivision des classes pour avoir des effectifs de 20 élèves, a été la règle édictée par le Copil.

Pour la reprise des cours, ce chiffre devrait être revu à la hausse, en tenant compte de l’évolution de la pandémie. Le principe du turn-over ou double flux devrait également permettre, ponctuellement, de gérer cette situation complexe.

Dans certains cas, pour respecter la taille des effectifs de sécurisation sanitaire, il sera nécessaire de construire des salles de classes. C’est un pari difficile. 

Dans tous les cas, l’expérience de l’enseignement à distance qui prend en compte non seulement le e-learning, mais aussi l’audiovisuel et les supports physiques (cahiers pédagogiques, etc.), devrait être reconduite au primaire et au secondaire et davantage développée au supérieur.

Pour conclure, je dirai que le Gouvernement travaille avec l’ensemble des partenaires du secteur de l’éduction pour assurer une rentrée en toute sécurité pour nos enfants.

 

 

10) Pour un fonctionnement cohérent de votre équipe, quelle sera la méthode Ossouka Raponda, d'autant que le Président de la République avait exhorté l'ensemble de votre équipe à l'exemplarité, la solidarité, la cohésion, la probité et la loyauté en exigeant aussi l'évaluation des actions des Ministres ?

 

 La mission que le Président de la République m’a confiée commande que l’action gouvernementale réponde, avant tout, sur les principes de base qui anime toute organisation gouvernementale, à savoir la collégialité, la solidarité et la responsabilité. J’ai aussi fait part aux Députés de ce que je ne ménagerai aucun effort pour déployer une importante activité de pilotage et de coordination. Nous devons nous concentrer dans l’exécution et la réalisation des projets afin de matérialiser les engagements pris.

De manière globale, je veillerai donc à ce que le Gouvernement soit au diapason des enjeux afin de garantir la réussite de notre action.

 

11) Vous arrivez dans un contexte de crise inédite marqué par les fortes attentes des Gabonaises et Gabonais, de plus en plus inquiets pour leur avenir. Pour les rassurer, que pouvez-vous leur dire pour conclure ?

 

 Dans une précédente déclaration, le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba affirmait que : « Je ne serai heureux que lorsque chaque Gabonais sera heureux ».

C’est dire combien ces paroles font écho au contenu global de la Déclaration de Politique Générale que j’ai prononcé. Elles sont une invite pour le Gouvernement à travailler d’arrache-pied, dans la collégialité et la cohésion, avec détermination, responsabilité, afin d’honorer la haute confiance du Chef de l’Etat et celle de nos populations.

Nous avons conscience que notre feuille de route va s’exécuter dans un contexte de défis, mais aussi et, j’en suis convaincue, dans un contexte d’opportunités que la crise de la Covid-19 peut nous permettre de saisir.

Rien n’est acquis d’avance et c’est ce qui rend notre mission encore plus exaltante. La confiance qui nous a été accordée par les Députés nous oblige au travail et à la responsabilité

Le Gabon, notre cher pays, nous le bâtirons tous ensemble et personne, je dis bien personne, ne le fera à la place des gabonaises et des gabonais.

C’est notre responsabilité et notre devoir à tous. Une responsabilité collective et un devoir républicain de léguer à nos enfants, la relève de demain, un Gabon toujours meilleur, un Gabon de paix, un Gabon davantage inclusif.

Aujourd’hui, plus qu’hier, nous devons prendre notre destin en main, comme l’a toujours demandé le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba. Comme l’a toujours dit le Chef de l’État : « Aucun gabonais ne sera mis de côté ».

 

Je vous remercie

 

La rédaction de l’Union