Rencontre Premier ministre/Sénateurs: Place aux propositions!
Après avoir échangé successivement avec les députés, les Conseillers membres du CESE et les partis politiques de la majorité et de l'opposition siégeant au CND, le Premier ministre, Chef du gouvernement, Julien Nkoghe Bekale a rencontré ce jour, jeudi 24 mai 2019 les parlementaires membres de la chambre haute. Cette rencontre s’inscrivait, comme il l’a du reste affirmé, dans le droit fil d’un engagement qu’il avait pris à l’Assemblée nationale devant les députés, à l’occasion de sa Déclaration de politique générale. A cette occasion, il avait engagé le gouvernement à renforcer par divers moyens le cadre du dialogue à travers des rencontres formelles à périodicité constante. Cet engagement vise également à animer de manière continue un dialogue à la fois multidimensionnel et permanent entre le gouvernement et l’ensemble du corps social, politique et institutionnel du pays. Toutefois, avant d’ouvrir les travaux, Julien Nkoghe Bekale a fait place au Président du Sénat, Lucie Milebou Aubusson, afin qu’elle livre son allocution circonstancielle.
La Présidente du Sénat, après avoir remercié le chef du gouvernement pour avoir initié ces rencontres salutaires pour le développement du pays alors que la suspicion s’était installée entre leurs deux camps, a déclaré que la majorité au Sénat appartient au PDG. Et qu’à ce titre, elle soutient régulièrement les réformes prises par le gouvernement et, le cas échéant, indique les passerelles et les canaux indispensables à emprunter. C’est donc dans cet esprit que les projets de lois soumis sont régulièrement adoptés, même si ce n’est pas toujours en termes identiques, le Sénat ayant pour seul souci de les améliorer. Malheureusement, cette démarche constitutionnelle est souvent mal interprétée. D’où la nécessité de trouver des niveaux d’actions possibles, afin d’assurer cette participation effective de chacun aux décisions que toutes les parties doivent assumer.
S’agissant du PDG, Lucie Milébou a déclaré que cette formation est son propre ennemi au regard des turpitudes et autres actes de trahisons qui y sont légions. Aussi a-t-elle rappelé que si la majorité veut atteindre cette destination à laquelle l’invite le Distingué Camarade, elle doit s’abstenir d’y aller avec une diversité de clans et de porte-voix.
Enfin, elle a interpelé le Premier ministre sur la nécessité de rendre effective la loi sur la décentralisation et celle relative au transfert des compétences, Avant d’émettre le souhait de voir les prestations sociales être revalorisées. Malgré tout, elle a tenu à réaffirmer la disponibilité de son institution à accompagner le gouvernement dans ses actions visant le développement du pays.
Intervenant à son tour, le Premier a déclaré que le dialogue que le gouvernement entame avec les sénateurs se justifie par une nécessité de s’enrichir mutuellement. Et dans cet exercice, a-t-il assuré, les sénateurs sont les interlocuteurs de premier choix, car ils représentent les élus locaux et les collectivités locales.
Le choix de dialoguer avec les sénateurs de la majorité se justifie, d’après le chef du gouvernement, par leur défense du même projet de société que le gouvernement et le Sénat ont en commun la vocation à mettre en œuvre, chacun dans son champ de compétence. Les deux parties doivent donc s’entendre sur un objectif, en regardant dans la même direction et en parlant le même langage, a-t-il renchéri.
Faisant ensuite une radioscopie de notre pays, le Premier ministre a fait un bilan peu reluisant de son état économique et financier. D’après lui, finis donc les fastes de l’État providence et place à la gouvernance renforcée, c'est-à-dire à la rationalisation, à l’auto-ajustement, aux réformes utiles et nécessaires pour le bien de tous. Cette mission a du reste été prescrite au gouvernement par S.E. Ali Bongo Ondimba, Président de la République.
Plus précisément, la situation économique et financière du pays se caractérise aujourd’hui par une baisse réelle et continue de nos recettes budgétaires et une augmentation exponentielle et incontrôlée des dépenses publiques. Aussi les recommandations issues du Dialogue politique d’Angondjé, ceux du Plan de relance de l’Économie ainsi que ceux de la Task force sur les finances publiques et l’éducation visent-elles à rationaliser les dépenses de l’État, tout en optimisant les sources de financements du développement.
Ces mesures qui portent sur l’éducation et la formation et devront renvoyer à un véritable changement de paradigme. Plus concrètement, il s’agit de sortir d’un modèle qui a permis de former des diplômés sans qualification professionnelle spécifique et qui ont souvent eu comme point de chute la fonction publique dont l’hypertrophie est devenue plus qu’une simple évidence difficilement soutenable. D’où la nécessité d’orienter les ressources et les efforts vers les formations professionnelles, seules susceptibles de garantir une meilleure employabilité des jeunes, en adéquation avec les besoins réels du marché du travail.
Il en est de même de la taille et de l’efficacité de l’administration et de sa gouvernance. Aussi plutôt que de continuer sur la voie du recrutement tout azimut, a-t-il constaté, il convient de faire mieux avec peu, car ce système n’améliore en rien la qualité du service public rendu à l’usager, bien au contraire!
Toutefois, toute réforme, si bien élaborée fût-elle, n’a de chance d’aboutir si elle n’a fait l’objet d’une réappropriation consciente par ses destinataires. Ainsi aucune mesure forte ne peut être mise en œuvre de manière satisfaisante, si elle n’a fait l’objet d’une explication patiente, d’une réelle compréhension et surtout, d’une réappropriation. Le concours des Sénateurs est donc primordial, a terminé Julien Nkoghe Bekale, car ils ont la capacité de convaincre leurs mandants. La rencontre entre les parties est donc l’occasion de parcourir le fondement des réformes, d’examiner les modalités de mise en œuvre des actions et de s’imprégner de l’esprit de ce que le gouvernement entend faire.